Rendons à Rimbaud ce qui lui appartient, le poème Bannières de Mai. Dans une sorte de contrainte oulipienne, ce poème déchiré (en gras) donne vie à un autre poème.
Bonne lecture.
Aux branches nues et claires,
canopée en dentelle
Meurt le bonhomme Hiver. Se taisent
les flocons
Mais des chansons sifflées
s’envolent à tire-d’aile.
Voltigent les bourgeons, éclosent
les boutons
Que notre sang soit sève, que notre
vie soit rêve
Voici s'enchevêtrer verte Dame
Nature.
Le ciel est délavé, les nuages se
lèvent
L'azur laisse éclater sa blanche
chevelure
Je sors. Si un rayon laisse éclater
sa joie
Je succomberai là, où mèneront mes
pas.
Qu'on patiente un instant, un
jour, une heure, un an
C'est trop simple d’attendre
qu’arrive un geste tendre.
Fi de tous ces moments glissant sous
le vent,
Je veux ton corps étreindre. Mon
désir en méandres
Me lie à tes caprices. Mes jours ne
s’embellissent
Que par toi, mon amour, parés de tes
atours.
Ah moins seul et complices, que nos
cœurs éblouissent
Au lieu que de faner. A chaque
carrefour
Meurent quelques possibles, soyons
indivisibles !
Je veux bien patienter, je veux
bien espérer
A toi, nature offrir la soif de mon
désir
Et ma faim insatiable. Je ne suis
pas coupable
Et, s'il te plaît, arrête la poudre
d’escampette.
Rien de rien sans regret je ne veux
que t’aimer.
C'est rire que de dire : rien
ne peut s’assombrir
Mais moi, comme une fable, je reste
indéchiffrable
Et libre. Une comète aux multiples
facettes.
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